Ce matin là,
je la vis entrer dans ma classe
pour la première fois.
Dans ses yeux en amande,
un soleil d’or allumait un regard d’une incomparable douceur.
Sa peau satin était couleur caramel.
Ses cheveux noir ébène luisaient comme un étang,
la nuit, au clair de lune.
Sa robe était rouge.
Un ruban grenat enserrait sa taille fine
et une fleur retenait ses cheveux.
Son sourire était toute innocence.
Un vrai tableau de Marie Laurencin …
elle arrivait d’Asie.
Elle vint vers moi,
dénoua sa ceinture, et me dit :
« Je suis Lola »
puis elle enroula ce ruban avec précaution
autour de mon cou comme une offrande.
Il ne me quitta plus.
Je compris à la minute même
que nous serions liées à vie.
Nous étions dans la même classe,
nous partagions nos heures de liberté,
nos pensées, nos peines,
nos désirs, nos joies,
nos rires,
tous nos petits secrets…
tantôt chez l’une, ou bien chez l’autre…
nous partions en vacances ensemble…
Pendant près de trois ans,
la joie de vivre était incomparable…
c’était pour la vie …nous nous l’étions juré !
Un matin,
elle ne vint pas en classe …
je me précipitai chez elle …
la porte était close.
Je téléphonais sans cesse,
pas de réponse …
L’angoisse me lacérait,
l’inquiétude me torturait…
je ne comprenais pas.
Mais où était-elle ?
Je courus partout dans la ville,
les boutiques, les squares, les cafés,
tous les endroits que nous fréquentions ensemble …
rien !
Cette nuit là fut la plus longue,
la plus angoissante de ma vie.
J’essayais de me rassurer.
Elle serait là demain,
enfin,
pour m’expliquer…
J’étais prête aux aurores,
me précipitai chez elle….
la porte était close, les volets aussi…
Personne !
Dans la matinée,
la Directrice de l’Ecole entra dans la classe…
Mesdemoiselles,
« Je viens vous dire que votre petite camarade Lola
ne viendra plus au collège.
Sa maman a décidé de retourner précipitamment au Vietnam
où c’est la guerre,
pour être auprès de sa famille. «
Je fus assommée par cette nouvelle,
j’éclatai en sanglots.
Je me sentais brisée.
Le manque de Lola était si cruel,
mon chagrin si intense,
que je mis des mois et des mois
à retrouver un peu de lumière dans mon cœur…
Et puis la vie reprit son cours,
jusqu’à ce matin de printemps…
Ma mère m’ouvrit la porte,
Elle me montra la lettre en tremblant.
Je vis ses larmes… et je lus :
« Madame,
Lola et sa maman vous aimaient beaucoup,
vous et votre fille,
aussi,
je me dois de vous apprendre
que ma femme et ma fille ont sauté sur une mine
il y a quelques jours…
Elle explosa aussi dans mon coeur !
A la fin de l’été,
J’ai rangé soigneusement dans ce grand carton,
tout ce que j’avais gardé d’elle,
les petits mots qu’elle m’écrivait,
les cadeaux qu’elle m’avait fait,
les dessins qu’elle faisait pour décorer ma chambre,
les photos de nos instants passés ensemble,
les derniers jeux qu’elle m’avait prêtés …
tout ce que nous avions partagé .
J’y ai déposé un éclat de mon cœur…
Puis j’ai fermé le carton avec ce ruban grenat
qu’elle m’avait donné à son arrivée
Je suis montée au grenier,
là où nous venions nous réfugier souvent
j’ai posé le carton sous la lucarne,
près de la malle aux vieilles armes
Et je lui ai dit tendrement :
» Je t’aime Lola, tu vis à jamais dans mon cœur »
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Belle promenade au fil de mes pages …
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