Affichage des articles dont le libellé est Mes Auteurs favoris. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Mes Auteurs favoris. Afficher tous les articles

5.4.23

MICHELLE LARIVEY

les voix d'antan, prison mentale, psychologie sociale, l'équilibre mental, angoisse et anxiété, les relations difficiles
Aquarelle de Laovaan

Sans jamais m’asséner un seul coup

ils m’ont brisé!
Ils m’ont enveloppé de leur silence
et de leur seul regard
sommé de porter la prunelle basse
(en tout temps).


Toute leur vie
ils ont regardé au-dessus de ma tête
s’appuyant sur mon crâne
pour rabaisser ma voix
quand j’osais être
(quelque peu seulement).

Maintenant

j’ai peine à sortir d’un sommeil
qui ressemble plus à une mort raide
qu’au calme autrefois ordonné.

Est-ce que j’existe?
Pourtant oui… je sens mon coeur battre dans le béton de ma prison.
Pourtant non… je deviens muet sous le seul poids d’un regard ouvert.


J’ai avancé en âge pourtant

leur voix d’antan est tout aussi cruelle
elle traverse mes enfants
pour me joindre au coeur même
de ma jeune plaie.
Je donne l’espace de leur vie
à mes enfants.

Pourquoi eux aussi
m’écrasent-ils au passage
comme une flaque transparente?

Je voudrais tellement
éclater mes chaînes par hurlement
et noyer mes songes de bêtes muettes!
Je sens un son rouge se former dans ma mémoire
et la force surgir du fond.

Bientôt je me lèverai
et sans permission aucune
j’élèverai la voix
(très haute)
pour exister.


poème de Michelle Larivey

les voix d'antan, prison mentale, psychologie sociale, l'équilibre mental, angoisse et anxiété, les relations difficiles
Inspiré par ceux qui doivent arracher leur droit d’être vivant à une enfance de restriction.

Michelle est devenue psychologue en 1969 et a toujours oeuvré en cabinet privé. Elle a complété sa scolarité et son internat de doctorat à l’Université de Montréal, en psychologie sociale. Par la suite, elle a suivi une formation pratique approfondie à l’Institut de Formation par le Groupe (Montréal), avec un accent sur l’intervention en milieu organisationnel, la formation professionnelle, l’animation de groupe ainsi que les processus d’apprentissage et de changement. C’est à la même époque qu’elle entreprenait une formation à pratique de la psychothérapie au cours de laquelle elle fut exposée à l’influence de plusieurs approches de même que différents superviseurs et formateurs, notamment au National Training Laboratory (Chicago et Los Angeles).


Le 11 novembre 2004, Michelle Larivey est décédée au terme d’une longue lutte contre le cancer. Elle a quitté sereine, ayant pu profiter pleinement de l’amour de ses proches après avoir combattu la maladie de toutes ses forces, avec un courage et une ténacité qui ne cessaient de nous étonner.


Michelle nous laisse le souvenir d’une personne remarquable par sa chaleur, la qualité de sa présence, la rigueur de sa pensée et la diversité de ses talents. Audacieuse dans ses entreprises, exigeante avec ceux qu’elle aimait presque autant qu’avec elle-même, elle restait toujours aimante et sensible à la beauté intérieure des personnes qu’elle rencontrait. On ne peut penser à elle sans se souvenir de son profond respect pour tous les êtres vivants et à sa façon généreuse d’accueillir et de soutenir chacun dans son courage autant que sa détresse.
Elle laisse parmi nous un vide immense qui nous déchire, mais son souvenir continue de nous inspirer dans la recherche de l’excellence et de la pleine expression de nos talents. Sa bonté, sa tendresse et sa joie de vivre ont transformé l’existence d’un grand nombre de personnes qui lui restent reconnaissantes. Ceux qui ont partagé sa vie en sont sortis grandis.






Si cet article vous a plu, dites le moi 
en commentaires, votez et abonnez-vous  👇
https://follow.it/des-motions-autour-d-un-th?leanpub








23.3.23

LE BAISER

 

Le baiser,poète renaissance,poésie,joakim du bellay, vers

Quand ton col de couleur rose

Se donne à mon embrassement

Et ton oeil languit doucement

D’une paupière à demi close,

 

Mon âme se fond du désir

Dont elle est ardemment pleine

Et ne peut souffrir à grand’peine

La force d’un si grand plaisir.

 

Puis, quand s’approche de la tienne

Ma lèvre, et que si près je suis

Que la fleur recueillir je puis

De ton haleine ambroisienne,

 

Quand le soupir de ces odeurs

Où nos deux langues qui se jouent

Moitement folâtrent et nouent,

Eventent mes douces ardeurs,

 

Il me semble être assis à table

Avec les dieux, tant je suis heureux,

Et boire à longs traits savoureux

Leur doux breuvage délectable.

 

Si le bien qui au plus grand bien

Est plus prochain, prendre ou me laisse,

Pourquoi me permets-tu, maîtresse,

Qu’encore le plus grand soit mien?

 

As-tu peur que la jouissance

D’un si grand heur me fasse dieu?

Et que sans toi je vole au lieu

D’éternelle réjouissance?

 

Belle, n’aie peur de cela,

Partout où sera ta demeure,

Mon ciel, jusqu’à tant que je meure,

Et mon paradis sera là.

 

JOACHIM DU BELLAY (1542)

Le baiser,poète renaissance,poésie,joakim du bellay, vers


QUI EST JOACHIM DU BELLAY ?

  

C’est un poète français de la Renaissance qui s’intéresse aux lettres après une courte carrière militaire.

Né à Liré, dans la région angevine, en 1522, il découvre les auteurs de l’Antiquité grecque et romaine et compose alors ses premiers poèmes.

Il écrit d’abord des sonnets amoureux en décasyllabes (vers de dix syllabes) comme dans l’Olive en 1549. Il choisit ensuite d’opter pour l’alexandrin (vers de deux hémistiches de six syllabes chacun), forme avec laquelle il signe son plus grand succès: Les Regrets en 1558.

Après être gravement tombé malade, Joachim du Bellay meurt d’apoplexie le 1er Janvier 1560 à Paris à l’âge de 37ans .

 Il sera inhumé dans une chapelle de Notre-Dame de Paris


Si cet article vous a plu, dites le moi 

en commentaires, votez et abonnez-vous  👇


https://follow.it/des-motions-autour-d-un-th?leanpub 


4.3.23

FIN de LUCIE DELARUE-MARDRUS

 

J’ai porté ton amour au cœur comme un couteau, 
Il ne m’a pas laissé même de cicatrice. 
La solitude en moi revient, dominatrice: 
Peut-être t’ai-je aimée ou trop tard ou trop tôt.

Maintenant l’amitié, plus triste que la haine, 
Sans doute pour toujours nous unit sans frisson. 
Tes yeux ne brûlent plus mon âme de garçon, 
Et je te tiens la main sans plaisir et sans peine.

 Mon désir s’était pris aux fils de tes cheveux.
 Mais ta proie est perdue, et plus rien ne t’en reste 
Qu’une âme sans élan dans une chair sans geste.
 L’amour est mort: demeure… Ou va t’en si tu veux.

   

(Lucie Delarue)


Si cet article vous a plu, abonnez-vous 👇

https://follow.it/des-motions-autour-d-un-th?leanpub

                 


26.2.23

AMOUR, DIVIN RÔDEUR

                                            

Amour, divin rôdeur, glissant entre les âmes, 
Sans te voir de mes yeux, je reconnais tes flammes. 
Inquiets des lueurs qui brûlent dans les airs, 
Tous les regards errants sont pleins de tes éclairs...
C'est lui ! Sauve qui peut ! Voici venir les larmes !... 
Ce n'est pas tout d'aimer, l'amour porte des armes. 
C'est le roi, c'est le maître, et, pour le désarmer, 
Il faut plaire à l'Amour : ce n'est pas tout d'aimer !

(Marceline Desbordes-Valmore)

Si cet article vous a plu, abonnez-vous 👇

https://follow.it/des-motions-autour-d-un-th?leanpub

24.2.23

UNE LETTRE DE FEMME

(Peinture de Elisabeth Vigée-Lebrun)
 

Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire ; 
J'écris pourtant, 
Afin que dans mon coeur au loin tu puisses lire 
Comme en partant.
Je ne tracerai rien qui ne soit dans toi-même 
Beaucoup plus beau : 
Mais le mot cent fois dit, venant de ce qu'on aime, 
Semble nouveau.
Qu'il te porte au bonheur ! Moi, je reste à l'attendre, 
Bien que, là-bas, 
Je sens que je m'en vais, pour voir et pour entendre 
Errer tes pas.
Ne te détourne point s'il passe une hirondelle 
Par le chemin, 
Car je crois que c'est moi qui passerai, fidèle, 
Toucher ta main.
Tu t'en vas, tout s'en va ! Tout se met en voyage, 
Lumière et fleurs, 
Le bel été te suit, me laissant à l'orage, 
Lourde de pleurs.
Mais si l'on ne vit plus que d'espoir et d'alarmes, 
Cessant de voir, 
Partageons pour le mieux : moi, je retiens les larmes, 
Garde l'espoir.
Non, je ne voudrais pas, tant je te suis unie, 
Te voir souffrir : 
Souhaiter la douleur à sa moitié bénie, 
C'est se haïr.

(Marceline Desbordes-Valmore)

Si cet article vous a plu, abonnez-vous 👇

16.2.23

RENAISSANCE

La neige est une pensée

La neige est une pensée

qui tombe, un souffle continuel
d’ascensions, de boucles, de spirales
de plongeons dans la terre
comme de blanches lucioles
désirant se poser, prises
dans la bourrasque
entre les maisons
plongées comme des mites
dans leur propre lumière
comme un qui s’étonne
que la neige soit une longue mémoire
d’aile qui traverse l’hiver.


Steve Crow (Indien Cherokee)

Si cet article vous a plu, abonnez-vous👇
https://follow.it/des-motions-autour-d-un-th?leanpub

LES ANGES MUSICIENS

 


Sur les fils de la pluie,
Les anges du jeudi
Jouent longtemps de la harpe.
Et sous leurs doigts, Mozart
Tinte, délicieux,
En gouttes de joie bleue
Car c’est toujours Mozart
Que reprennent sans fin
Les anges musiciens
Qui, au long du jeudi,
Font chanter sur la harpe
La douceur de la pluie.
(Maurice Carême)

Si cet article vous a plu, abonnez-vous 👇

https://follow.it/des-motions-autour-d-un-th?leanpub